Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les acouphènes sont un phénomène auditif présent depuis des siècles.
Il aura cependant fallu attendre des années d'avancées médicales pour en faire progresser la connaissance et les traitements.
Retour sur l'histoire des acouphènes jusqu'à nos jours.
Le nom "acouphène" est apparu pour la première fois en 1883 dans le dictionnaire de médecine et de chirurgie de M.E. Gellé.
Il est tiré du grec "akouein" qui veut dire "entendre" et de "phainein" qui signifie "apparaître".
Selon l'étymologie grecque, l'acouphène correspondrait au fait d'entendre un son qui s'apparenterait à une apparition.
L'acouphène a d'ailleurs longtemps gardé cette image de bruit «fantôme» ou «d'hallucination sonore».
Concernant le nom anglais de l'acouphène «tinnitus», il a été inventé en 1683 par le médecin Joseph-Guichard Du Verney dans son œuvre intitulée "Traité de l'organe de l'ouïe".
Ce mot anglais tire son origine du latin «tinnire» qui veut dire "tinter".
L'impression sonore relative à l'acouphène qui s'apparente à un bruit de l'ordre du tintement ou du sifflement est ainsi évoquée dans l'origine même du mot.
La connaissance de l'acouphène s'est affinée au fil des siècles, notamment grâce au travail de différents scientifiques.
Pour trouver une première trace de ce qui pourrait s'apparenter au phénomène auditif de l'acouphène, il faut remonter aux manuscrits d'Aristote datant des années 300 avant J.C.
Le philosophe y évoque des sons intérieurs qu'il tente de soigner.
Hippocrate semblait également souffrir de ce qui ressemblerait à des acouphènes.
Tout au long des siècles, l'acouphène est d'abord perçu comme une hérésie, une hallucination qui pourrait être un symptôme de folie.
Difficilement compris par les médecins, ces sons sont traités comme les symptômes d'une maladie mentale jusqu'au 18ème siècle.
Jean-Jacques Rousseau évoque notamment des sifflements et des murmures qu'il entend dans son oreille et qu'il ne parvient pas à expliquer.
De la faim à la fatigue extrême, toutes les causes possibles sont évoquées pour tenter de diagnostiquer ce qui s'apparente à une hallucination.
Ce n'est qu'au 19ème siècle que les acouphènes ont commencé à être définis comme nous les connaissons aujourd'hui.
Ils sont alors évoqués par des scientifiques comme des bourdonnements dans l'oreille.
Le médecin Jean Itard, spécialisé dans les problèmes de surdité, fera notamment avancer la connaissance de ce phénomène auditif.
Le 20ème siècle sera celui de nombreuses tentatives de traitement de ces sensations sonores.
Les thérapies proposées sont aussi nombreuses que diverses.
L'une d'entre elles consistait à masquer l'acouphène par un autre bruit extérieur.
De son côté, le professeur américain Pawel J. Jastreboff établira dans ses études un lien entre l'acouphène et le stress.
En 1990, il concevra d'ailleurs une thérapie sur ce principe intitulée "Tinnitus Retraining Therapy", connue sous le nom de TRT, qui consiste en une rééducation du cerveau.
Ce sont finalement les années 2000 qui feront le plus la lumière sur le phénomène sonore que sont les acouphènes.
Le lien de cause à effet entre le système auditif et le cerveau est définitivement établi et permet de mieux comprendre la genèse de ces sons intérieurs.
L'observation de cas multiples permet également de mieux cerner les différentes formes et différentes intensités possibles des acouphènes.
La connaissance scientifique plus approfondie de l'acouphène dans toute sa complexité est donc assez récente.
Ce sont ces avancées qui permettent aujourd'hui une meilleure compréhension et donc une meilleure prise en charge médicale.
Cependant, il est probable que nous n'ayons pas encore toutes les clés concernant les acouphènes.
La recherche auditive continue de travailler sur ce trouble de l'audition dont la perception peut varier d'une personne à l'autre.
Les progrès à venir pourraient permettre une meilleure prévention en amont, voire l'éradication complète des acouphènes.